Combats navals en Baie d'Audierne durant la 1ère guerre mondiale

CORDON DE GALETS - LE CHANTIER DE TRÉGUENNEC

(« Pointe de Cornouaille 1940-1944, Chronique d’une région maritime bretonne durant la seconde guerre mondiale » ; Alain Le Berre et Jean-Jacques Doaré, AS3P, Plouhinec, 2006, p. 189-191)

On peut apercevoir de loin, à Prat ar Hastel, sur la « palue » de Tréguennec, les hautes structures de l’ancien chantier d’extraction et de concassage des galets bâti par les Allemands à partir de 1941 pour produire le béton nécessaire à la construction des bases sous-marines et des bunkers.

Le site, fortifié, constitue également un maillon du Mur de l’Atlantique. Pendant près de deux années, l’Organisation Todt exploite et détruit peu à peu l’« ero vili », le cordon de galets qui barre la côte de Plovan à Tronoën.

Large de 20 à 30 mètres, surplombant la plage d’une hauteur de 4 à 5 mètres, l’énorme levée de galets masque l’horizon. En outre, s’adossant aux étangs et aux « palues », elle protège ces derniers contre l’érosion marine, empêchant la mer de pénétrer dans les étendues humides.

De Penhors à Tronoën, une voie ferrée étroite (60 cm), longue de plusieurs kilomètres, court sur le sommet du cordon de galets.

Un petit Decauville à diesel l’emprunte, tirant des wagonnets que chargent des pelles mécaniques puisant dans les monceaux de galets que remontent de modernes bulldozers, les « caterpillars ».

Puis, empruntant une levée de terre et de galets (400 m) légèrement inclinée partant du rivage, le petit convoi atteint l’extrémité sud du « mur-casemate », une expression locale, (long de 180 m et haut de 10 m).

Les wagonnets sont alors basculés manuellement. Leur contenu déversé dans les trémies, tamisé, trié, termine sa chute dans des wagons que tirent péniblement vers la gare de Pen Enès à Pont-l’Abbé une ou deux locomotives TA ou TD 131 du réseau breton. De 6 à 10 trains de 10 à 20 wagons quittent ainsi chaque jour Tréguennec.

Les gros galets demeurent sur place en vue de leur concassage par des installations séparées mises en place fin 1943. Elles ne donnent pas entière satisfaction compte tenu de la dureté des matériaux. Il a été estimé que 1.000.000 de tonnes de galets ont été arrachées à l’« ero vili », des extractions massives qui ont considérablement fragilisé le littoral.

Quatre cents personnes environ travaillent sur le chantier qui fonctionne de  jour et de nuit six jours sur sept : quelques cadres allemands de maîtrise, des spécialistes français ou étrangers pour la mise en œuvre des installations, des ouvriers de recrutement local en grand nombre. Un ramassage quotidien de ces derniers est assuré par des cars Magirus qui sillonnent le sud bigouden.